RETOUR SUR L’ANNÉE CAPITALE : Le Projet «Quartiers Créatifs»
La culture dans le béton, c’est dur !
Un projet pour les zones « sensibles » en rénovation urbaine : telle était la raison d’être des «Quartiers Créatifs» de MP 2013. Censée associer habitants et artistes autour de projets culturels participatifs, l’opération affiche un bilan mitigé, malgré les centaines de milliers d’euros investis.
« On ne fait pas du socioculturel, c’est du haut niveau », s’exclame Réda, médiateur culturel du Centre social d’Aix Nord. Sa cité, Beisson, est l’une des quatorze zones du territoire de Marseille Provence choisies pour accueillir un « Quartier créatif ». Mais après un an de travail, aucune des personnes rencontrées au pied des tours ne semble au courant de l’opération. Et c’est bien là le problème quand il est question de projet « participatif ».
A la Busserine, à Marseille, les associations ont d’ailleurs claqué la porte de l’opération quand elles ont appris que le budget s’élevait à 460 000 euros. « Comment se fait-il que, depuis des années, nos associations n’ont pas l’ombre d’un dixième de cet argent pour financer leur fonctionnement ? », interroge Sid Abadli, responsable de l’Association des Familles. « Il n’y a jamais eu de consultation, ils nous ont menti ! » poursuit-il, très remonté contre MP 2013. Dans une lettre ouverte envoyée à la ministre de la culture Aurélie Filippetti, les habitants dénoncent notamment un projet « prédéfini et verrouillé », mais aussi le caractère « éphémère » et « coûteux » des réalisations.
Plusieurs centaines de milliers d’euros investis dans chacun des quartiers pour un projet aux objectifs flous, voilà ce que l’on retient de l’opération. Et, chez MP 2013, difficile d’obtenir des éclaircissements malgré plusieurs requêtes. « L’année touche à sa fin, on est en réduction d’effectif », nous dit-on à l’accueil, sans cacher une certaine gêne.
Et après 2013 ? Même si, à certains endroits, le bilan est plus positif, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le devenir des politiques socioculturelles dans des quartiers où la misère et la violence font très régulièrement la une de l’actualité.
Baptistin Vuillemot